Tout ce que vous devez savoir
L’épaule est l’articulation du corps ayant le plus de mobilité ce qui la rend plus à risque d’instabilité. La luxation de l’épaule (déplacement des 2 extrémités osseuses d’une articulation entrainant une perte du contact normal des surfaces articulaires) est une blessure qui résulte d’un traumatisme direct ou indirect et est notamment associée à une douleur importante, une incapacité à bouger l’épaule, une déformation visible et une sensation assez frappante que l’épaule a ‘’débarquée’’. C'est une blessure relativement commune chez le sportif pratiquant un sport à risque d’accidents traumatiques (hockey, football, kayak d’eau vive, etc.).
Quelles sont les complications possibles?
Bien souvent, on retrouve conjointement des complications immédiates ou tardives.
- Exemples de complications immédiates : une lésion du labrum (anneau entourant l’épaule qui produit un effet de succion), une atteinte des ligaments ou une atteinte des tendons
- Exemples de complications tardives : luxation récidivante, une instabilité chronique de l’épaule ou une usure prématurée de l’articulation
Un survol de l’épaule
La stabilité de l’épaule est assurée par :
- Les stabilisateurs statiques : labrum, ligaments et capsule
- Les stabilisateurs dynamiques de l’épaule : muscles de la coiffe des rotateurs et ceux entourant les omoplates
La luxation de l’épaule affecte malheureusement la stabilité statique de votre épaule de façon irréversible. Cette stabilité peut être rétablie avec une chirurgie. La stabilité dynamique, quant à elle, pourra revenir avec l’exécution d’un programme d’exercices spécifiques à votre condition.
Mon épaule a luxé. Qu’est-ce que je peux faire?
Premièrement, si le contexte le permet, évitez de faire réduire (remettre en place) votre luxation de l’épaule par quelqu’un d’autre qu’un médecin. En effet, une mauvaise technique pourrait causer des dommages importants à votre épaule ainsi qu’aux structures l’entourant. À l’hôpital, on vous fera passer un rayon X pour déterminer le type de luxation, éliminer la présence d’une fracture associée et réduire la luxation le plus rapidement possible de façon sécuritaire. Un sédatif sera administré et ensuite le médecin pourra utiliser une des nombreuses méthodes existantes pour remettre en place votre épaule.
Ensuite, le traitement conservateur (sans chirurgie) en physiothérapie est à tenter. Il consistera, en premier lieu, en une immobilisation de l’épaule, du repos et à redonner de la mobilité à votre épaule. Ensuite, des exercices de renforcement et de contrôle moteur seront prescrits afin d’augmenter la stabilité dynamique de votre épaule. De plus, votre physiothérapeute pourra vous guider dans la gestion de vos activités et pourra vous aider à diminuer les douleurs et les tensions musculaires associées via des techniques de relâchement musculaire, d’aiguilles sous le derme, etc.
Finalement, la chirurgie pourrait être nécessaire si les luxations surviennent à répétition et si les interventions en physiothérapie n’ont pas été efficaces. La chirurgie consistera à redonner de la stabilité à votre épaule (réparer les stabilisateurs statiques). Elle permettra aussi de nettoyer l’articulation des autres dommages possibles dans l’épaule (ex. : atteinte des tendons).
Quelles sont les chances d’avoir une deuxième luxation si je reprends le sport?
- Chez les gens de moins de 20 ans : 72 à 95 %
- Chez les gens de 20 à 30 ans : 70 à 82 %
- Chez les plus de 50 ans : 14 à 22 %
Que suggère la littérature scientifique sur le traitement de choix suite à une première luxation?
Traditionnellement, le traitement de choix était de réduire la luxation, d’immobiliser l’épaule du patient avec une attelle un certain temps et de faire de la physiothérapie. Malheureusement, il y avait un haut taux de récurrence chez le jeune sportif. C’est pourquoi la chirurgie doit maintenant être envisagée chez cette population.
Sommairement, des études importantes témoignent que :
- Chez les gens actifs de moins de 25 ans, la chirurgie devrait être tentée initialement, car elle diminue la récurrence et améliore la qualité de vie.
- Chez les 25-40 ans, le traitement conservateur (non chirurgical) devrait être tenté initialement.
- Chez les plus de 40 ans, le traitement conservateur est le traitement de choix.
Article écrit par Alexis Lasalle, physiothérapeute
Sources :
Boffano M, Mortera S, Piana R. Management of the first episode of traumatic shoulder dislocation. EFORT Open Reviews. 2017;2(2):35-40. doi:10.1302/2058-5241.2.160018.
Gil JA, DeFroda S, Owens BD. Current Concepts in the Diagnosis and Management of Traumatic, Anterior Glenohumeral Subluxations. Orthopaedic Journal of Sports Medicine. 2017;5(3):2325967117694338. doi:10.1177/2325967117694338.
Brukner, P., Khan, K., & Brukner, P. (2012). Brukner & Khan's clinical sports medicine. Sydney: McGraw-Hill.
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